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Boulevard Adolphe Max, un pas de plus vers la Magistrale du quartier Nord.

Le boulevard Adolphe Max vient d’être inauguré en grande pompe : des cheminements piétons larges, des espaces verts, des bancs ludiques, des bancs pour s’asseoir, de l’éclairage, des revêtements confortables et de qualité (on verra avec le temps quand même).


Bref, presque tout ce qui fait la qualité d’une Magistrale piétonne. Mais qu’est-ce qu’une Magistrale nous direz-vous ? Il s’agit d’un cheminement piéton large ( au minimum 5 mètres de large dont 3 mètres sans obstacle) et continu. Ça c’est pour le coté réglementaire prévu par le plan régional de mobilité Good Move (celui dont on ne doit apparemment pas prononcer le nom). Mais en réalité, ça doit être bien plus.

Le but des Magistrales est de proposer de rejoindre différents « attracteurs », au-delà de l’hypercentre, tels des gares ou des places, de manière très confortable, agréable, sécurisée et surtout, à pied. Il s’agit d’offrir non seulement des largeurs suffisantes et un confort de revêtement optimal, mais également d’attirer des piéton·nes en mettant en place notamment du mobilier, des équipements publics et de la végétation en suffisance.


[suite en dessous de la photo]


Largeur et confort 


C’est la base. En sachant que pour pouvoir se croiser tranquillement à plusieurs (car les piéton·nes sont sociables) il faut assurer un cheminement d’au minimum 3,40 mètres de large. Et encore, il s’agit là d’un strict minimum à respecter. Il ne faut pas hésiter à allez au-delà, on sait à quel point les trottoirs sont vites encombrés.


Le choix des revêtements est également essentiel. Afin de garantir l’accessibilité à toutes et à tous (chaises roulantes, poussettes, cannes, rollators, caddies,...), le gestionnaire de voirie doit choisir un revêtement qui assure un cheminement confortable. A Bruxelles, il y a d’ailleurs une obligation légale d’un certain confort qui est calculé après passage d’une chaise mesureuse agréée par le Centre de Recherche Routière. Autant dire que si c’est respecté (ce n’est malheureusement pas toujours le cas), le confort est au rendez-vous.

La mixité des modes n’est pas à favoriser sur une magistrale, de même que les itinéraires doivent être bien choisis. Vu l’importance des flux piétons sur les Magistrales, il faut éviter de voir des voitures, des bus ou trop de vélos sur un même espace. Le risque d’accident est très faible mais cela apporte de l’inconfort, mieux vaut donc séparer les flux.  Il faut également éviter de faire passer une magistrale à coté d’un axe fort fréquenté, personne n’aime marcher à coté d’une autoroute.  Après tout, le but d’une Magistrale est également d’offrir au marcheur et à la marcheuse une chance de se déconnecter et de ne pas être en permanence dans l’hypervigilance.

 

La Magistrale, une promesse magique


A coté de ces éléments de base, une Magistrale doit offrir bien plus qu’un simple trottoir large et sécurisé. Le but est d’attirer plus de piéton·nes sur l’espace public, de donner l’envie de marcher. Tout d’abord, le parcours doit être ponctué de végétations et d’arbres offrant une canopée suffisante en cas de fortes chaleurs. Il faut également offrir des éléments qui permettent de se poser : bancs bien sûr mais également des toilettes publiques, des abris contre les intempéries, des points d’eau, des bibliothèques de rues...  La ludicité de l’espace public est essentielle. Une magistrale doit donc être ponctuée d’éléments qui donnent envie de séjourner sur l’espace public. Les possibilités sont nombreuses et on peut jouer tant sur l’emploi des revêtements (marelles ou autres jeux au sol), que de mobilier tels des bancs ludiques ou des petits espaces de jeux, que par l’activation des façades. Tout cela doit être disposé dans la rue tout en tenant compte du libre cheminement des piéton·nes. Enfin, une magistrale doit être cohérente : on ne doit pas se poser la question de savoir si on suit le bon itinéraire. Cette cohérence peut être réalisée de différentes manières : choix des revêtements, mobilier urbain qui se retrouve tout le long du parcours, continuité piétonne exemplaire, balisage, etc.

 

Reste le hic des carrefours


Une Magistrale devant servir de connecteur entre des lieux forts fréquentés, vu la configuration de nos villes, la chance qu’elle croise des grands axes motorisés est grande. Pour des petits axes, c’est plus facile. On peut notamment utiliser le principe du trottoir traversant. La magistrale est alors très temporairement en zone de rencontre par exemple.  Globalement, afin d’offrir une magistrale où il est possible de se déplacer tranquillement, la réduction du trafic motorisé doit donc être la norme. Mais en attendant, il faut arriver à créer des traversées sécurisées lorsqu’on croise des grands axes (notamment la petite ceinture à Bruxelles).

Plusieurs outils permettent d’y arriver

-          Offrir une continuité piétonne entre la magistrale et le carrefour de manière à prioriser la marche. Inutile de faire faire des zigzags aux piéton·nes.

-          Créer des passages piétons (très) larges et colorés

-          Modéliser les feux afin qu’ils mettent au maximum la priorité à la marche. Les temps d’attentes doivent être réduit, la vitesse du piéton calculée sur une référence de 0,8 m/s, ou on peut aussi placer des capteurs.


Et à Bruxelles ?


On l’a dit, le Boulevard Adolphe Max représente le premier maillon de la Magistrale Nord qui relie le piétonnier à Tour & Taxis en passant par la gare du nord. Mais le plan régional de mobilité 2020-2030 en prévoit six – Tour & Taxi, Cinquantenaire, Fernand Coq, Louise, Bruxelles-midi, Place communale de Molenbeek - à réaliser d’ici 2030. Le projet est donc ambitieux.


Mais où en est-on ? Pour le moment, celle qui a le plus de chance d’être réalisée d’ici à 2030 est celle de Tour & Taxi. En dehors du Boulevard Adolphe Max qui vient d’être inauguré, des plans concrets existent pour le réaménagement de la rue Picard et du Boulevard Simon Bolivar.  Le problème est qu’il s’agit de différents projets, portés par différentes administrations, sans (ou avec peu de)  cohérence entre eux et on risque donc de ne pas retrouver cette continuité pourtant essentielle. On le voit déjà dans la manière dont est traité le croisement d’Adolphe Max avec la petite ceinture.


Et pour le reste ? Il existe une série d’études sur les magistrales « place communale de Molenbeek-Fernand Coq » menées par Perspective.Brussels et le sujet du réaménagement de Louise arrive de temps en temps à l’agenda politique. Mais sans une véritable volonté de nos décideurs et décideuses d’aboutir, on ne voit pas trop comment on arrivera à réaliser plus d’une magistrale avant 2030.


Affaire à suivre…


Les magistrales sont représentées en noir


[capture d'écran Mobigis]

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